![]() |
|
|||||||||
|
La
cartographie : Histoire
|
|||||||||
Bibliographie et remerciements | ||||||||||
Il semble que la plus ancienne carte authentifiée soit une
fresque, découverte dans les années 1960 lors de fouilles
archéologiques à Çatal Höyük,
dans le centre de la Turquie. Datée de 6 200 ans av. J.C, elle
représente un plan de ville stylisé et le volcan
Hassan Dag tout proche, en éruption. Cette carte,
qui en réalité était plutôt une image sacrée
n'avait aucune prétention utilitaire. Assyriens et Égyptiens utilisaient des tablettes de terre cuite, métal ou papyrus pour indiquer des itinéraires, des limites de propriétés permettant d'en estimer les surfaces en vue de l'imposition. C'est la Grèce antique qui jette les bases de la cartographie scientifique. Les savants grecs se fondent d'abord sur les observations ponctuelles rapportées par les navigateurs, commerçants ou guerriers qui ont sillonné la Méditerranée dès le IIe millénaire ; ils cherchent à préciser les contours du Bassin méditerranéen et à connaître la forme de la Terre. Aristote (384-322) démontre la sphéricité de la Terre, et Ératosthène, (276-195) un siècle plus tard calcule sa circonférence avec une remarquable précision. À partir de ces données, l'astronome Hipparque (190-125 av. J.C) propose un canevas de la surface terrestre découpé par un réseau de parallèles et de méridiens : c'est le premier essai de projection cartographique. Les principales cartes réalisées par les Grecs sont l'uvre de Strabon (vers 58 av. J.C - 25 apr. J.C) et de Ptolémée (vers 100 - vers 170 apr. J.C) : ce dernier réalise un ensemble de cartes régionales dont une carte générale de la Méditerranée redécouverte et utilisée au XVIe siècle, mais hélas, pour la mesure de la circonférence terrestre, il reprend les mesures erronées calculées par Posidonios de Rhodes (135-50 av. J.C). Les ingénieurs grecs dirigèrent la réalisation
des cartes romaines, dans le cadre d'un inventaire général
de l'Empire. L'objectif étant essentiellement militaire et
administratif (cadastre) l'intérêt fut porté sur
la représentation des frontières, des villes et des
grands itinéraires terrestres.
Le haut Moyen Âge européen, période de déclin du commerce maritime est marqué par une quasi-disparition de la cartographie. La Terre n'est plus qu'un objet de représentation symbolique et imagée (textes et diagrammes astrologiques, astronomiques et cosmographiques) bien éloigné du souci scientifique des cartographes grecs : les "mappae mundi" montrent une Terre plate centrée sur Jérusalem et divisée en trois continents (Europa, Asia, Africa) de forme géométrique. A cette période de l'histoire, seul l'empire Byzantin conserve l'héritage de la cartographie antique que les Arabes ont utilisé à leur profit. Au XIIe siècle, Al Idrisi, réalise un planisphère géant, ainsi qu'un atlas comprenant 70 cartes du monde connu, de l'Europe à l'Afrique et à la Chine. Les cartes chinoises, établies selon un système de projection fort avancé, restent toujours totalement inconnues en Occident. Avec la reprise du commerce maritime, les grandes découvertes
permettent à la fin du Moyen Âge de renouveler les cartes
destinées à la navigation et imposent une nouvelle vision
géographique du monde. Les portulans, cartes d'usage maritime
caractérisées par une représentation des aires
de vent, ébauche des routes maritimes apparaissent. De nouveaux
appareils de mesure de la latitude (astrolabes) emportés à
bord des navires permettent d'aboutir à la représentation
cartographique approchée (car sans échelle stricte) des
côtes du Bassin méditerranéen et de l'Atlantique
voisin. L'apogée de cette cartographie médiévale
est la mappemonde du Vénitien Fra Mauro (1458) qui donne
la vision complète du monde alors connu.
Les progrès décisifs de la cartographie européenne à la Renaissance sont autant liés à la redécouverte des travaux antiques, qu'à l'essor des grands voyages et aux innovations techniques. La traduction des écrits de Ptolémée, et leur
diffusion par l'imprimerie naissante, permet la construction de nouvelles
mappemondes, accompagnées d'un réseau de coordonnées
en latitude et en longitude. Toutefois, toujours établies à
partir des erreurs de Ptolémée sur la longitude,
elles indiquent comme celle de Martin Behaim de Nuremberg un
océan aisément franchissable entre l'Europe et la Chine.
Cet optimisme géographique est à la source des grandes
expéditions maritimes de Christophe Colomb, Vasco de
Gama, et Fernand de Magellan... La découverte de l'Amérique
élargit considérablement la connaissance cartographique
du globe; la plus ancienne carte figurant le Nouveau Monde est
dessinée, en 1500, par l'explorateur espagnol Juan de la Cosa.
La nécessité d'une nouvelle cartographie universelle impose la mise au point de systèmes de projection adéquats, dont celui en 1569, du géographe et mathématicien flamand Gerhard Mercator, dans lequel parallèles et méridiens se recoupent à angles droits. En outre, l'essor de l'imprimerie permet une représentation plus fine et une plus large diffusion des cartes. Au XVIe siècle, l'Europe occidentale compte plusieurs centres de production cartographique, principalement en Italie, en Allemagne et aux Pays Bas. A Anvers, Ortelius conçoit, en 1570, un atlas mondial (Theatrum orbis terrarum) de 70 cartes et dessine une carte sur laquelle Ancien Monde et Nouveau Monde figurent dans deux cercles distincts parcourus de méridiens courbes. En France, le géographe Nicolas de Nicolay reçoit du roi la mission de dresser la carte des provinces du royaume.
Incités à connaître leurs ressources foncières, forestières, fiscales, les États modernes donnent une impulsion décisive à la cartographie régionale et locale. Parallèlement, les marchands de Londres et d'Amsterdam sont demandeurs de cartes marines, qui font l'objet d'une large diffusion. La cartographie participe à la révolution intellectuelle cartésienne : attachée à la représentation la plus exacte possible du monde, elle pose désormais un regard technique et neutre sur la planète, qui est arpentée, quantifiée et représentée. En France, le Théâtre François de Bourguereau de Tours (1594) est le modèle de l'atlas des provinces, dont les 18 cartes seront révisées et complétées par la suite. Dans le cadre de la politique de grands travaux menée par Colbert, l'Académie des sciences lance en 1666 un projet de cartographie systématique du royaume. Les relevés s'appuient sur la méthode de triangulation mise au point par le Hollandais Snell Van Royen, dit Snellius, en 1617 et expérimentée en France, en 1640, par l'abbé Picard. Dès 1678 paraissent les premières feuilles des environs de Paris. Le premier relevé topographique national est établi en France, sur commande de l'État, par la famille Cassini qui, de génération en génération, va poursuivre cette tâche. En 1720, la grande méridienne (nord / sud) de la France est réalisée. Elle va permettre de référencer les points géodésiques. De 1733 à 1744 sont menées de nouvelles opérations géodésiques. En 1747, Cassini III est chargé de lever la carte du royaume. L'établissement des 154 feuilles complètes et 26 feuilles partielles qui couvrent toute la France à l'échelle du 1/86 400 est achevé en 1789 par Cassini IV. Malgré des défauts (absence de cotes d'altitude, expression médiocre du relief par des hachures), cette première carte nationale constitue un jalon essentiel dans l'évolution de la cartographie. Destinée à remplacer la carte de Cassini, la carte dite "de l'état-major" est réalisée de 1818 à 1880. Le relief y est indiqué avec une précision beaucoup plus grande, par des cotes d'altitude et des courbes d'égale altitude ou courbes de niveau. Les 273 feuilles au 1/80.000 de cette carte topographique ont constitué un modèle pour la cartographie européenne. L'essor des cartes topographiques s'accompagne de la réalisation
de cartes spécialisées à vocation utilitaire bien
définie : cartes des places fortes et des champs de bataille
rassemblées par Vauban, cartes des forêts, carte
des chasses du roi, au 1/28.800, achevée en 1773 et d'une précision
remarquable. Sur la base d'une loi napoléonienne (1807), toutes
les communes de France seront l'objet d'un travail de cadastre quasi
achevé en 1850 ; chaque cadastre communal indique les limites
des propriétés et l'utilisation du sol afin de mieux asseoir
l'imposition.
Les conditions de production des cartes sont bouleversées à la fois par les innovations technologiques et par les objectifs de la cartographie car les considérations scientifiques et géopolitiques donnent une nouvelle dimension au cadastre mondial.
|
||||||||||
|
||||||||||
|